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Interview de Lionel REDON, président de l’ISFEC François D’Assise

Lionel REDON est chef d’établissement du collège du Saint Sacrement à Aigrefeuille-d’Aunis, en Charente Maritime (17). Alors que le baptême de l’ISFEC François d’Assise vient d’être célébré il y a quelques semaines, son nouveau président évoque les priorités de cette rentrée inédite et les orientations pour l’institut reconnu de Nouvelle-Aquitaine.

En tant que chef d’établissement, comment vivez-vous cette rentrée hors normes ? Quelles conséquences sur l’organisation interne de l’établissement ? Quelles compétences sont nécessaires pour gérer cette situation changeante? Quelles compétences pour l’équipe éducative et plus particulièrement pour les enseignants ?

Pour moi, cette rentrée inédite s’est faite de façon apaisée. Elle a été préparée pour être la plus ordinaire possible. La principale difficulté a été le manque de visibilité quant à l’évolution incertaine de l’épidémie, ce qui a conduit à renoncer à des projets que nous avions l’habitude de mener chaque année : réunions, sorties pédagogiques ou culturelles, voyages en France ou à l’étranger, regroupements entre personnels.

Mais le défi de cette rentrée n’a pas été seulement sanitaire mais bien plus de faire le point sur les éventuels retards pris pendant le confinement et de pouvoir y remédier. Cela étant, nous avons chaque année des élèves plus fragiles que d’autres et les professeurs du Saint Sacrement sont habitués à prendre en charge l’hétérogénéité des classes (nous accueillons 2 ULIS TSLA). Les enseignants ont tenu compte de cette situation exceptionnelle et adapté leur enseignement de façon à voir ou revoir des parties de programmes qui, après la mi-mars, n’avaient pas été abordées, mal traitées ou mal assimilées par les élèves.

Cette situation a exigé et exige de la part de l’équipe un gros effort d’adaptation mais ils ont fait preuve de réactivité, de créativité et de bienveillance pour assurer le suivi des élèves.

Mon rôle de chef d’établissement aujourd’hui fait la part belle à la communication. Il est aux côtés de son équipe, des parents et des élèves pour :

  • Informer les enseignants de la stratégie à adopter
  • Les accompagner dans leurs acquisitions de compétences numériques et l’utilisation des outils (e-learning, visio,…)
  • Valoriser les personnes
  • Garder un lien avec les communautés éducatives (prendre soin d’eux), les rassurer, être à leur écoute

Le confinement, de mars à mai 2020, et les nouvelles formes de travail qu’il a engendrées (hybridation entre travail en distanciel et présentiel) ont mis en lumière ce besoin de chef d’établissement empathique et charismatique.

Selon vous, comment soutenir les enseignants dans leur résilience pédagogique ? 

Le contexte sanitaire actuel, et plus que probablement futur, oblige à revoir nos scénarii pédagogiques. Ceci amène les professeurs à se poser un ensemble de questions en amont du scénario pédagogique habituel (hybridation entre travail en distanciel et présentiel, articulation entre contenus, compétences, stratégies d’enseignement, méthodes d’évaluation).

La force de la « résilience pédagogique » repose à mon sens sur la collaboration au sein de la communauté éducative. Il est bien plus efficace d’élaborer ensemble des ressources dont pourra se servir chacun des membres de la communauté plutôt que de construire un cours chacun de son côté. Cela n’empêche pas la liberté pédagogique du choix parmi les supports disponibles et du parcours pédagogique proposé aux élèves par chaque enseignant.

Si nous voulons avoir une chance de ne pas trop dégrader la qualité de l’apprentissage de nos élèves, il faudra collaborer ouvertement et se saisir de toutes les ressources déjà existantes.

Cette crise pourrait être l’occasion inattendue (fortuite) de mettre en valeur la collaboration plus que la compétition.

En tant que nouveau président de l’ISFEC, quelles sont les orientations en matière de formation qui vous semblent intéressantes d’approfondir ? 

Je souhaite pointer quelques priorités qui détermineront les orientations en matière de formation :

Il conviendra, tout d’abord, de prendre en compte les nouvelles méthodes et approches pédagogiques afin de renouveler notre manière de concevoir et de déployer les dispositifs de formation et de doter les apprenants d’un bagage leur permettant d’optimiser leur capacité d’apprendre tout au long de leur vie professionnelle.

Deux axes peuvent être privilégiés :

  • En partant du « comment apprendre », pour ajuster le « comment former »
  • En faisant de l’attention des apprenants une alliée.

Enfin, le métier d’enseignant étant un métier de relation, il serait important de mettre l’accent sur une manière attentive et respectueuse de se rapporter à autrui. Peut-être mettre en place une formation éthique au regard de l’anthropologie chrétienne.

Nos missions, nos valeurs, notre vision et nos priorités, telles que je viens de les esquisser nous serviront de guide et de référence stable durant les prochaines années. Elles nous guideront dans notre navigation. Elles nous permettront d’aborder les difficultés qui nous attendent avec sérénité, et surtout de demeurer fidèles à ce que nous sommes et à ce que nous voulons pour l’ISFEC François d’Assise.

Propos recueillis par Christelle CLAVÉ