Portrait de Louis LOURME
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Personne ne peut s’occuper d’enfants sans s’interroger à la fois sur les moyens à déployer pour les aider à grandir, et en même temps sur la portée des actes et des choix éducatifs qui sont faits.

La manière dont on accompagne la croissance des enfants et des jeunes, que l’on soit parents, enseignants, éducateurs, dépend en grande partie de l’idée que l’on se fait de la personne humaine et du monde dans lequel elle grandit. L’ouvrage « Eduquer, c’est à dire ? Anthropologie chrétienne & éducation » vient de paraitre grâce au soutien…

A l’heure où l’on parle plus aux équipes éducatives de « méthodes pédagogiques », vous avez choisi de parler de sens. Pourquoi ? ​

Louis LOURME : Les deux perspectives ne sont pas incompatibles bien sûr. Elles se nourrissent l’une l’autre dans la vie ordinaire des éducateurs. Personne ne peut s’occuper d’enfants sans s’interroger à la fois sur les moyens à déployer pour les aider à grandir, et en même temps sur la portée des actes et des choix éducatifs qui sont faits. Parents, enseignants, éducateurs, animateurs, etc., tous ont en commun le fait de se demander, souvent avec un sentiment d’urgence et de grande nécessité, si ce qu’ils font correspond bien à ce qu’ils souhaitent ou à ce qu’ils pensent devoir faire.

En vous interrogeant sur la vision chrétienne de l’humain, ne craigniez-vous pas de ne pas pouvoir rejoindre tous les éducateurs, enseignants, parents, etc ?

C’est un ouvrage qui invite à réfléchir à la portée anthropologique de l’acte éducatif – quelle vision de l’être humain est à l’œuvre dans nos pratiques éducatives ? Cette interrogation peut évidemment s’adresser à tout le monde. L’angle de l’anthropologie chrétienne est un angle plus spécifique qui, bien entendu, n’est pas celui de tous les éducateurs… Mais un tel livre est aussi écrit pour un public spécifique, c’est normal. Et c’est important que les personnes soucieuses d’anthropologie chrétienne aient des éléments conceptuels pour penser leurs pratiques et aider au discernement dans les choix.

L’une des richesses de l’ouvrage réside dans la diversité des points de vue réunis. Comment avez-vous sélectionné les contributeurs ? En quoi cette diversité vous semble-t-elle essentielle ?

Cet ouvrage cherche à réunir des pistes de réflexions variées sur le rapport entre l’anthropologie chrétienne et l’éducation. La diversité des contributions est un parti-pris de cette publication, qui doit permettre au lecteur de creuser différentes pistes et d’aborder différents enjeux liés à ce thème. Y compris par le biais de points de vue parfois relativement éloignés les uns des autres. C’est un choix volontaire. Ce parti-pris de la diversité était une des motivations de l’ouvrage car la tentation est grande, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, d’être très univoque, très définitif dans les propos – l’Eglise dirait ceci, et ceci seulement. Or, si une telle position peut être rassurante pour certains, elle pose le problème de la réduction de la richesse de la vie intellectuelle de l’Eglise à une simple logique de bastion que nous aurions à tenir, bien figé, au milieu d’un monde qui se développe et qui pose sans cesse de nouvelles questions. Les contributions des philosophes, religieux, théologiens, enseignants se répondent pour montrer la profondeur des questions et pour inviter le lecteur à creuser ces différentes pistes.

L’ouvrage que vous avez souhaité publier, propose au lecteur une multitude de pistes de réflexion pour interroger ses propres pratiques conscientes ou inconscientes. Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ? 

Il me semble que l’anthropologie chrétienne est moins figée qu’on ne le pense parfois. Alors, plutôt que d’écrire un ouvrage d’une seule traite et qui fasse comme si le discours anthropologique de l’Eglise pouvait être déroulé d’un seul tenant – une sorte de manifeste comme il en existe déjà – il m’a semblé plus riche de diriger un collectif comme celui-ci. Le mérite de cette approche est qu’elle donne des outils pour interroger les questions actuelles à la lumière d’une vision chrétienne de l’homme. Elle ouvre en somme le lecteur à une attitude interrogative.

Comment imaginez-vous que les lecteurs, les communautés éducatives s’en emparent et fassent vivre ces différents textes ?

Cela peut bien sûr faire l’objet d’une lecture personnelle, mais les thèmes sont suffisamment variés (l’éducation intégrale, l’altérité, la fraternité, l’expérience, la parole, etc.) pour que l’on puisse consacrer des temps d’équipe à l’approfondissement de telle ou telle question selon les besoins ou les préoccupations de terrain. A titre personnel, en petit comité ou en équipe élargie, il me semble que c’est surtout un outil qui donne des éléments pour faire un retour efficace sur différents aspects de nos pratiques et pour réfléchir à l’horizon qu’on se fixe dans l’accompagnement des jeunes qui nous sont confiés.

C’est aussi pour cela que l’ouvrage a été réalisé en partenariat étroit avec l’ISFEC François d’Assise Aquitaine, qui souhaitait contribuer à faire vivre ces questions au sein des communautés éducatives et des instances de l’enseignement catholique… et se doter d’outils d’analyse pour la formation des futurs enseignants. 

Rencontre avec Louis LOURME : le 8 novembre 2019 à 18h. Station Ausone – 8 Rue de la Vieille Tour à Bordeaux. 

Où trouver l’ouvrage « Eduquer, c’est à dire ? Anthropologie chrétienne et éducation » ? Cliquez ici

Interview réalisée le 9 septembre par Christelle CLAVÉ, ISFEC François d’Assise.